Le temps des bourgeons (1re partie)

2 mai 2024
Amélancier intermédiaire
Glycine de Chine
Aronie à fruits noirs
Sapin du Colorado ‘Candicans’

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/500 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 140 mm
2e photo : 1/1000 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 180 mm
3e photo : 1/1000 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 170 mm
4e photo : 1/640 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 56 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Congo et le verrou rwandais

30 avril 2024
Cliquez sur la carte pour l’agrandir

Introduction

De nos jours, deux pays africains voisins portent le nom de ‘Congo’; la République du Congo (ancienne colonie française) et, à l’Est, la République démocratique du Congo (ancienne colonie belge), dix-huit fois plus peuplée et six fois plus grande.

Malgré le fait que ce dernier pays portait le nom de Zaïre au moment des faits relatés dans le texte qui suit, nous avons choisi de l’appeler Congo, comme l’a fait avant nous Hergé, dessinateur de ‘Tintin au Congo’.

Le Congo et le remodelage de la politique étrangère des États-Unis

Après la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis se sont présentés comme les grands défenseurs du ‘monde libre’. En réalité, ce ‘monde libre’ était celui qui se définissait comme opposé au communisme.

Cette politique a amené les États-Unis à dépenser une fortune pour le plan Marshall. Celui-ci était destiné à redresser l’économie de l’Europe occidentale, ruinée par cette guerre, et ainsi faire obstacle à l’expansion du communisme vers l’ouest à partir de la Russie.

Paradoxalement, cette lutte pour la liberté ne les a pas empêchés de couvrir l’Amérique latine de dictateurs d’extrême droite et même de faire assassiner (parce que communiste) Salvador Allende, pourtant élu démocratiquement à la présidence du Chili.

De la même manière, la CIA américaine a suscité et financé de nombreux coups d’État ailleurs dans le monde afin d’assoir un certain nombre de ‘bons’ dictateurs à la tête de leur pays.

L’un d’eux était Joseph-Désiré Mobutu, maitre absolu du Congo depuis 1965 (et ce, jusqu’à sa chute en 1997).

Mais après un quart de siècle de bons et loyaux services rendus aux États-Unis, ceux-ci envisageaient de se passer de lui.

Avec l’effondrement de l’URSS en 1991, les États-Unis se retrouvaient sans cet épouvantail qui leur permettrait de rallier des pays autour d’eux.

Ils se sont donc reconvertis en défenseurs de la démocratie. Ce qui ne les a pas empêchés, encore une fois, de renverser des gouvernements qui ne leur convenaient pas, pourtant élus démocratiquement.

En vertu de cette nouvelle politique, un certain nombre de leurs vieux amis devenaient encombrants, dont le dictateur congolais. D’où l’idée de renverser son régime pour le remplacer par un autre, plus ‘vertueux’.

Conçu par des groupes de réflexion de droite, le plan américain s’inscrivait alors dans une grande stratégie de géopolitique en Afrique.

Maintenant aux mains des Démocrates, Washington voulait remodeler politiquement le cœur de l’Afrique subsaharienne (appelée alors Afrique noire). Même si, pour cela, il fallait bousculer la France dont la zone d’influence comprenait le Rwanda et le Congo.

Dans le cas précis du Congo, le remodelage américain débute en Ouganda.

Paul Kagame à la conquête du Rwanda

En 1990, Paul Kagame fait partie de l’armée ougandaise. Natif du Rwanda (un pays qu’il a quitté à l’âge de quatre ans), il occupe alors le poste de chef des services de renseignements militaires d’Ouganda.

Précédemment, il a fait partie des maquisards qui avaient aidé le président de ce pays à prendre le pouvoir en 1986. Pour le remercier, ce dernier l’avait nommé à ce poste.

En juillet 1990, lui et quelques collègues Tutsis de l’armée ougandaise sont envoyés à Fort Leavenworth (au Kansas) pour y recevoir une formation au sujet de la guerre insurrectionnelle.

À son retour des États-Unis, Paul Kagame et ses hommes quittent les rangs de l’armée ougandaise le premier octobre 1990 pour aller envahir leur pays d’origine (en jaune sur la carte). Ce qui y déclenche une guerre civile.

Le plan de ces rebelles ne se limitait pas à la simple prise du pouvoir au Rwanda — un pays relativement pauvre dont le pillage n’aurait pas rapporté grand-chose — mais à s’emparer également de la région congolaise du Kivu (en rouge sur la carte) dont les richesses minérales seraient exportées par le biais du Rwanda, assurant la prospérité de ce dernier et leur fortune personnelle.

À leurs yeux, cela se justifiait par le fait que les frontières de tous les pays africains sont des créations arbitraires des puissances coloniales datant du XIXe siècle et que rien n’empêchait des milices tutsies de créer de facto un ‘Tutsiland’ prospère dont le territoire chevaucherait plusieurs pays.

Contrairement à son sens littéral, ce ‘Tutsiland’ ne se définissait pas comme la terre occupée majoritairement par l’ethnie tutsie, mais plutôt comme un territoire où, malgré leur statut minoritaire, les Tutsis y règneraient en seigneurs.

Pour les États-Unis, l’idée était d’installer au Rwanda des dirigeants amis qui seraient en mesure d’envahir le Congo, pays voisin, et d’y contrôler l’accès aux ressources naturelles.

Paul Kagame et ses hommes mettront quatre ans à faire la conquête du Rwanda.

Le 6 avril 1994, quand un avion transportant les présidents du Rwanda et du Burundi est abattu par un missile, cet incident déclenche le massacre des Tutsis au Rwanda, accusés (à tort ou à raison) d’en être responsables.

Au cours des semaines qui suivent, les génocidaires Hutus avaient établi de nombreux barrages routiers afin d’empêcher les Tutsis d’échapper à leur sort.

Puisque l’offensive des rebelles Tutsis partait de l’Ouganda, leur avancée poussait d’abord la population qui fuyait les combats vers le centre du Rwanda, où se trouve la capitale.

Mais dès qu’ils eurent bouclé la frontière avec la Tanzanie (où 470 000 Rwandais s’étaient déjà réfugiés), puis celle avec le Burundi (où 255 000 personnes avaient fui), seul le Congo (à l’ouest) demeura accessible aux militaires Hutus en déroute et à la population civile en fuite.

Pour ce faire, les réfugiés devaient contourner le lac Kivu, large de 48 km et qui longe presque toute la frontière congo-rwandaise. La grande majorité d’entre eux trouvèrent refuge à proximité de la capitale régionale congolaise de Goma (au nord de ce lac).

Les cartes des services de renseignement de la CIA montrent que le déploiement des milices rebelles sur le territoire rwandais a systématiquement contraint les civils rwandais, toutes ethnies confondues, à fuir vers le Congo.

Le génocide des Tutsis n’a pas été voulu par les milices de Paul Kagame. Mais elle simplifiera leur tâche. À leur arrivée dans la capitale, il ne reste plus, de leur point de vue, que des ‘génocideurs’ puisque les Tutsis y ont été exterminés. Nul besoin de mettre des gants blancs; les rebelles y feront un carnage.

Le 15 juillet 1994 marque la fin officielle du génocide des Tutsis rwandais (débuté le 7 avril précédent).

Jusque-là, les États-Unis étaient demeurés sourds aux appels de l’ONU destinés à mettre fin aux hostilités. Rien n’aurait été plus contraire à leurs plans qu’un partage territorial à la coréenne ou à un beau plan de réconciliation nationale qui aurait entravé les ambitions congolaises de Paul Kagame.

Dès que ce dernier eut pris incontestablement le pouvoir au Rwanda, la première étape de la grande stratégie américaine prenait fin.

Restait alors à déstabiliser le Congo.

Le problème des réfugiés

Dès la prise du pouvoir par Paul Kagame, les États-Unis déclenchèrent une mission pseudo-humanitaire appelée Support Hope.

Au Rwanda, le but de cette mission était de sécuriser l’aéroport de la capitale. Et par cet appui officiel aux nouveaux maitres du pays, on voulait dissuader les opposants Hutus, réfugiés au Congo, de fomenter leur revanche.

Au Congo, les soldats américains devaient officiellement aider au rapatriement des Rwandais et prévenir ainsi une crise humanitaire dans la région du Kivu, accablée par l’arrivée de millions de réfugiés.

Pendant des mois, sous les auspices des États-Unis, le Rwanda et le Congo négocieront les modalités d’un retour des réfugiés dans leur pays natal. Ce que les présidents des deux pays souhaitent, mais ce dont Paul Kagame — l’homme fort du régime au Rwanda dont il n’est pas encore président — ne veut absolument pas entendre parler.

Pour continuer à jouir de l’appui des États-Unis, Paul Kagame sait très bien qu’éventuellement il aura à organiser des élections au Rwanda.

Plus grand est le nombre de Hutus à l’Étranger, plus grandes sont les chances que son régime se maintienne au pouvoir. Puisque ces réfugiés au Congo représentent à eux seuls, le tiers de la population rwandaise.

Donc les négociations en vue du retour au Rwanda des réfugiés trainent en longueur.

Le 2 juin 1995, Paul Kagame organise une conférence de presse dans laquelle il déclare que, selon des sources sures, les hauts responsables du génocide, réfugiés au Congo, sont en train de se réarmer pour attaquer le Rwanda. Il demande la levée de l’embargo sur la vente d’armes au Rwanda afin d’être en mesure de protéger la population de son pays.

Soutenue par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, sa requête est entérinée par l’Onu en aout 1995. Ce qui permettra à Paul Kagame de préparer son action militaire contre le Congo.

Réalisant soudainement la menace d’une invasion rwandaise, le Congo ordonne que tous les réfugiés sur son territoire quittent le pays avant le 31 décembre 1995.

Fidèle à ses principes, l’Onu condamne cette violation du droit des réfugiés. Le président du Congo s’empresse aussitôt d’infirmer la décision de son premier ministre.

En aout 1996, des prospecteurs sillonnent le sud de la région du Kivu pour analyser son potentiel de développement. En réalité, ce sont des militaires et des agents de renseignements du Rwanda qui viennent secrètement préparer l’offensive armée contre le président Mobutu.

Le 18 octobre 1996, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) nait dans la capitale rwandaise à l’initiative de Paul Kagame.

Ici, le qualificatif ‘démocratique’ est important parce que c’est lui qui donnera un vernis de respectabilité, aux yeux de l’Occident, à ces mercenaires qui sèmeront la mort et la désolation partout sur leur passage au Congo.

Au départ, l’AFDL comprend des miliciens rwandais, ougandais et angolais, auxquels s’ajoutera un certain nombre de Tutsis congolais recrutés lors de razzias effectuées au Congo par l’AFDL.

Il est à noter que les Tutsis congolais dont on parle ici ne sont pas les Tutsis rwandais réfugiés depuis peu au Congo, mais d’autres qui ont fui le Rwanda quelques décennies plus tôt et qui se sont intégrés au Congo depuis. Ils portent le nom distinctif de ‘Banyamulenge’. Pour faire simple, nous les appellerons ‘Tutsis congolais’.

Selon Laurent-Désiré Kabila — le porte-parole de l’AFDL qui deviendra plus tard président du Congo — son organisme représente l’opposition au dictateur Joseph-Désiré Mobutu. De plus, l’AFDL serait principalement composée de Tutsis congolais qui se révoltent parce qu’ils sont persécutés et dépossédés de leurs biens dans leur pays.

En novembre 1996, Paul Kagame fait bombarder à deux reprises les camps de réfugiés situés au sud du lac Kivu.

Pour les États-Unis, le Rwanda ne fait que réagir à la menace que font peser sur lui les ‘génocideurs’ rwandais réfugiés au Congo.

Ils reprochent donc au dictateur congolais (Mobutu) d’être le véritable responsable de cette violence en refusant de sévir contre les criminels réfugiés dans son pays et l’accusent faussement de livrer des armes à des indésirables qui ont complètement déstabilisé la région.

Le dictateur Mobutu n’est pas un enfant de chœur. Mais les démarcheurs de Paul Kagame à Washington l’accusent d’être un obstacle au retour des réfugiés rwandais dans leur pays (ce qui, en réalité, est la faute de Kagame), de susciter la révolte dans son propre pays et conséquemment, d’être un facteur d’instabilité pour toute la région.

Bref, plus tôt les États-Unis provoquent sa perte, mieux ce sera.

Dirigées par des troupes et des officiers rwandais, les forces armées hostiles à Mobutu envahissent le Congo le 24 octobre 1996, ce qui déclenche la Première guerre du Congo. Elle se termine par la conquête de la capitale de ce pays, le 17 mai 1997.

Bien que l’AFDL ait réussi à chasser Mobutu du pouvoir au terme de cette première guerre, cette alliance ne survécut pas aux tensions entre Laurent-Désiré Kabila et ses anciens alliés ougandais et rwandais. Ce qui déclenche la deuxième guerre du Congo le 2 aout 1998. Celle-ci se poursuivra jusqu’en juin 2003.

Elle sera suivie par la Guerre du Kivu, déclenchée en 2004. Celle-ci est toujours en cours.

Au total, ces trois guerres feront plus de dix-millions de morts. Dans l’indifférence presque totale de l’Occident.

Le verrou rwandais

Parmi les nombreuses ressources minérales du Congo se trouvent le cobalt et le coltan (ou colombite-tantalite).

Le coltan

Celui-ci est crucial dans la production des appareils électroniques; de faibles quantités sont essentielles à la fabrication des composants électroniques de tous les appareils dits ‘intelligents’.

Voilà pourquoi les systèmes de défense des puissances occidentales reposent, entre autres, sur le coltan.

Le Congo en est, de loin, le premier producteur. C’est plus précisément dans la région du Kivu que se trouvent 60 à 80 % des réserves mondiales de ce minerai.

On le rencontre sous forme de cailloux durs dans du calcaire aussi friable que du plâtre. Ce qui rend possible son extraction par des moyens extrêmement rudimentaires.

Des quatre-mille tonnes produites, une partie est exportée via le Rwanda alors que le reste l’est directement du Congo (à partir des mines sous protection de l’armée congolaise).

En janvier 2000, Paul Kagame avait explicitement déclaré au ministre français de la Coopération venu le visiter : « Cela fait cent-cinquante ans que les Blancs exploitent et pillent le Congo. C’est maintenant le temps des Noirs [sous entendu : de faire pareil].»

L’année suivante, l’Onu publiait son premier rapport sur le pillage des ressources congolaises.

Ses enquêteurs ont découvert que la plupart des sociétés responsables de ce pillage appartiennent soit au gouvernement rwandais, soit à des proches de Paul Kagame.

Les enquêteurs de l’Onu écrivent :

La plus grande partie [du coltan] exportée [du Kivu] est extraite sous la surveillance directe des superviseurs de l’[Armée patriotique rwandaise].
[…]
Dans [ces sites], divers régimes de travail forcé existent pour l’extraction, pour le transport et pour les tâches domestiques. Selon de nombreuses sources, il serait largement fait appel à des prisonniers importés du Rwanda […].

Nous avons mis la fin de cette citation en italiques. Dans la dernière partie du présent texte, on verra pourquoi.

Le cobalt

Le Rwanda est le principal pays exportateur de cobalt. Encore là, le territoire de ce pays n’en recèle pas : il ne fait qu’exporter les 120 000 tonnes de cobalt brut produites au Congo.

Le deuxième rapport des experts de l’Onu (publié à la fin de 2002) atteste que les rebelles associés aux armées du Rwanda et de l’Ouganda ont mis sur pied une économie de guerre qui s’autofinance à partir de l’exploitation des ressources minières du Kivu.

Dans les mines à ciel ouvert de cobalt, la production est artisanale. On estime que 250 000 Congolais — en bonne partie des enfants — y trient les pépites de cobalt.

De nos jours, les 260 groupes rebelles qui ravagent la région sont fédérés au sein du Mouvement du 23 mars (ou M23), appuyé par le Rwanda.

Pour se financer, chaque groupe armé prend d’abord le contrôle d’un site minier, puis impose des frais quotidiens aux mineurs (appelés ‘creuseurs’) pour y travailler.

Certains de ces combattants sont eux-mêmes d’anciens mineurs qui ont trouvé plus facile et plus payant de prendre le contrôle d’une mine et d’y rançonner le travail.

Des contrebandiers transportent ensuite le cobalt vers la ville congolaise de Goma, puis lui font traverser la frontière. Les importateurs rwandais s’acquittent alors d’une taxe officieuse à l’importation avant d’expédier le minerai brut vers l’Étranger (où il est raffiné).

Les revenus de cette taxe sont versés à la caisse du parti politique de Paul Kagame. Les sommes recueillies sont blanchies sous forme d’investissements de Crystal Ventures, la face respectable de cette caisse secrète.

Crystal Ventures

Créée en 1995 sous le nom de Tri-Star Investments, le fonds d’investissement Crystal Ventures porte ce nom depuis 2009. En réalité, c’est la caisse occulte du parti politique de Paul Kagame. Et c’est lui qui en assume la présidence.

Grâce aux contrats attribués par le gouvernement rwandais, cette entreprise a joué un rôle important dans la reconstruction du pays après le génocide des Tutsis.

Des routes construites par la firme d’ingénierie NPD-Cotraco (détenue par Crystal Ventures) à la principale entreprise agroalimentaire et plus gros producteur de lait du pays, Inyange Industries (également détenue par Crystal Ventures), ce fonds d’investissement fait rayonner l’esprit d’entreprise du chef d’État rwandais.

À ceux qui l’accusent de conflit d’intérêts et de favoritisme, celui-ci réplique qu’au lendemain du génocide, personne ne voulait investir au Rwanda. Mais grâce à lui, l’économie rwandaise s’est relevée de ses cendres.

On doit reconnaitre que lorsque le gouvernement dirigé par Paul Kagame accorde des contrats à des entreprises dirigées par lui, cette symbiose est le plus parfait exemple de partenariat public-privé…

En 2021, la valeur de Crystal Ventures était estimée à un demi-milliard de dollars américains. Toutefois, dans les articles consultés, on ne sait pas très bien s’il s’agit de sa valeur capitalisée (sa vraie valeur) ou de la somme totale des actifs qu’il gère (ce qui est très différent).

Ce qui est certain, c’est qu’avec ses douze-mille salariés, Crystal Ventures est le deuxième employeur du Rwanda (derrière l’État).

Très diversifiés, ses secteurs d’activité comprennent l’agroalimentaire, les mines, la sécurité, les télécommunications, les services financiers, et l’exécution de travaux publics.

Limité longtemps au marché rwandais, Crystal Ventures investit depuis 2020 dans la République centrafricaine et au Mozambique (deux pays où Paul Kagame déploie son armée), au Congo (où il possède des mines), au Bénin et au Mozambique.

La sous-traitance de l’immigration britannique

Le 23 avril dernier, le parlement britannique adoptait La loi sur la sureté du Rwanda. Celle-ci vise à déléguer au Rwanda la sous-traitance des demandes d’asile en Grande-Bretagne.

Puisque l’immigration est un pouvoir régalien, on peut s’étonner de voir un pays souverain (la Grande-Bretagne) déléguer ce pouvoir à un autre pays souverain.

En 2023, environ trente-mille personnes ont demandé asile au Royaume-Uni. Le Québec, dix fois moins peuplé, en a accueilli deux fois plus. Mais ne comparons pas des pommes et des oranges; pour Londres, c’est trop.

Aussi a-t-on décidé de les expulser au Rwanda.

Qu’ils soient Afghans, Syriens, Latino-Américains, Bulgares ou Africains, ils seront tous expulsés au Rwanda.

Pourquoi le Rwanda ?

C’est que le Rwanda est un pays sûr, disent les autorités anglaises. Mais sûr pour qui ?

En réalité, on veut dire que le Rwanda est un pays stable.

En effet, il est dirigé par le même dictateur depuis un quart de siècle. De plus, celui-ci est aimé de son peuple si on en juge par le fait que 99 % des Rwandais votent librement pour lui aux élections.

On ne risque pas de se tromper en affirmant que toutes les dictatures sont stables… jusqu’au jour où elles s’effondrent. Ce qui prend habituellement plus de temps qu’un gouvernement démocratique. Surtout s’il est minoritaire.

Donc oui, le Rwanda est stable.

En vertu du traité intervenu entre Londres et Kigali, c’est le Rwanda qui sera responsable de l’examen des demandes d’asile.

En contrepartie, Londres a déjà versé l’équivalent de 378 millions de dollars canadiens au Rwanda pour le remercier à l’avance de son hospitalité. Et lui versera 86 millions$ par année au cours des trois prochaines années. C’est sans compter 259 503$ pour les frais de traitement de chaque cas (dont un bonus de 206 millions$ au 330e expulsé).

Selon l’Onu, les demandes adressées à partir du Rwanda priveront les demandeurs de toute possibilité d’appel auprès des tribunaux britanniques. De plus, le texte de cette loi autorise expressément le gouvernement à ignorer tout recours provisoire intenté auprès de la Cour européenne des droits de la personne.

Mais qu’arrive-t-il lorsqu’une demande est rejetée par Londres ?

Compte tenu des antécédents de Paul Kagame, il est à parier que ces migrants pallieront le manque de main-d’œuvre dans les mines congolaises contrôlées par lui.

Ce qui permettra de remplacer les enfants qui y travaillent par des adultes : leur meilleure endurance permettra d’augmenter les rendements. De plus, on peut s’attendre à ce que leur rémunération soit minime en raison du cout de la vie si faible au Congo…

Quand éclatera le scandale de cet esclavagisme mis en place grâce à leur complicité, les autorités britanniques feront semblant d’être surprises…

Conclusion

De nos jours, les ‘creuseurs’ au Congo sont les équivalents modernes des cueilleurs de coton au XIXe siècle.

Au prix de millions de morts, les États-Unis soutiennent une élite guerrière au Rwanda qui pille les richesses congolaises et réinvestit les sommes obtenues dans l’économie du Rwanda et dans celles de pays d’Afrique subsaharienne.

Cette prédation est destinée à assurer à l’économie mondiale son approvisionnement en métaux stratégiques.

D’autre part, le Rwanda contribue à la stabilité des pays dans lesquels il investit en leur offrant des services de protection présidentielle, de formation professionnelle destinée à leurs armées, voire de lutte anti-insurrectionnelle (à l’instar du groupe russe Wagner).

Dans ce sens, le Rwanda aide les États-Unis à assurer l’ordre mondial : d’où l’impunité dont jouissent ses pillards au Congo.

Références :
Au Rwanda, les discrets atouts de la diplomatie économique de Paul Kagame
Comprendre la crise en République démocratique du Congo en 5 questions
Congo: la rwandaise Crystal Ventures annonce des investissements dans la Zone industrielle de Maloukou
Crystal Ventures, la face business du FPR de Kagame
Dans l’enfer des mines de cobalt
DR Congo: Civilians in the firing line as use of heavy weapons signals alarming new phase of armed conflict in the east
Entrevue de Charles Onana (par Stéphan Bureau) (vidéo)
En 2023, le Rwanda s’est classé premier exportateur mondial de coltan pour la 5e fois en 10 ans
Envoi des migrants par le Royaume-Uni au Rwanda : neuf questions pour comprendre
Expulsions de réfugiés au Rwanda : l’ONU appelle le Royaume-Uni à revenir sur sa loi
Guerre du Kivu
Onana, C. (2023). Holocauste au Congo. Éditions L’Artilleur. Paris. 504 p.
Le Québec a reçu 45 % de tous les demandeurs d’asile en 2023
Mouvement du 23 mars
Rapport à mi-parcours du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo
Rwanda : Inyange Industries Limited, la principale entreprise agroalimentaire du pays, prévoit de mettre en service une unité de traitement de lait en avril 2023
The ‘man who repairs women’ on rape as a weapon and how the world forgot the DRC

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Terminus pour STAT

28 avril 2024

J’aime bien écouter certains téléromans québécois. Mais j’évite habituellement les quotidiennes, par manque de temps.

Cette année, je me suis intéressé à la série télévisée STAT, sans doute en raison du fait qu’elle se déroule en milieu hospitalier. Un milieu dans lequel j’ai brièvement travaillé.

Comme tous les téléromans québécois, on y admire la direction artistique, le travail des techniciens, les moyens mis en œuvre par les producteurs et surtout, le talent de ces comédiens qui réussissent à rendre plus vrais que vrais des personnages parfois à la limite de la vraisemblance. C’est le cas de STAT.

Alors oui, dans ce petit village qu’est un hôpital, il y a parfois des intrigues et des conflits de personnalités. Mais il y a surtout une foule de gens dévoués à prodiguer des soins.

Dans STAT, tout le monde couche avec tout le monde. Évidemment, les médecins entre eux. Mais aussi entre chirurgienne et infirmier, entre cadre hospitalier et enquêteuse du ministère venue enquêter sur lui, etc.

De plus, dès que les couples sortent du lit, tout l’hôpital est au courant.

On se demande comment ces gens peuvent respecter le secret professionnel quand ils sont si prompts à révéler les détails croustillants de tout ce qu’ils savent.

Et bravo pour avoir imaginé un chirurgien hyperbavard qui opère en récitant de savantes statistiques médicales. Alors que ce qu’il fait mériterait toute son attention.

À mon avis, STAT aurait dû s’appeler Les commères en jaquettes. Ou mieux : Le bistouri de l’Amour.

Même s’il ne s’agit pas d’une série policière, il y a des forces de l’ordre à chaque épisode. Non seulement pour intervenir lorsqu’un patient devient violent ou lorsque les médecins découvrent un cas de maltraitance parentale, mais pour tout et pour rien.

Afin de découvrir qui est coupable d’un accident, l’enquêteur n’attendra pas que les blessés soient remis sur pied. Même quand le sang gicle de partout, il doit le savoir tout de suite. À peine l’empêchera-t-on d’interroger le patient sur la table d’opération.

Grâce au Ciel, on n’a pas essayé de nous présenter une scène où on dépose le masque anesthésiant sur le nez du patient avant que le policier ait fini de poser sa question. Et où on devine que le patient est endormi quand il laisse tomber le doigt qu’il avait dressé pour apporter une précision.

Évidemment, les docteures (ou doctoresses, c’est selon) ne peuvent résister à la tentation de découvrir les bijoux de famille qui se cachent sous n’importe quel uniforme militaire. Comme si elles espéraient y voir quelque chose de différent.

Mais sait-on jamais. De nos jours…

Quant à la finale de cette année, ce fut pour moi la goutte qui a fait déborder le verre.

Alors suivez-moi bien…

Au dernier épisode de l’année, on apprend avec stupéfaction que c’est le beau docteur machin qui est le responsable d’un accident qui a couté la vie au conjoint de la cheffe de l’urgence. C’est un secret qu’il a caché jusqu’ici.

À sa sortie d’université, on lui avait offert de travailler dans un hôpital universitaire. Mais, pour des raisons jusqu’ici mystérieuses — et qu’on découvrira sans doute un jour — il a préféré travailler à Saint-Vincent, moins prestigieux et conséquemment, où ses chances d’avancement sont moindres.

Ce faisant, il s’est retrouvé à travailler sous les ordres de l’urgentologue endeuillée par sa faute.

Durant tous ces épisodes, jamais son sentiment de culpabilité n’a transpiré à l’écran. Et dès son entrée en fonction à l’hôpital, il a suscité d’innombrables conflits avec cette urgentologue.

On se demande aujourd’hui pourquoi.

Accablé par un si lourd secret, n’importe qui aurait demandé d’être muté ailleurs. Mais pas lui.

Alors bravo au talent de tous ces comédiens qui ont su nous faire avaler les couleuvres d’un scénario trop souvent invraisemblable.

Il y a probablement des téléspectateurs pour croire que cette série reflétait ce qui se passe réellement dans nos hôpitaux. On comprend pourquoi tant de gens préfèrent les éviter…

La série se poursuivra sans doute l’an prochain. Mais pour moi, c’est assez. Trop, c’est trop.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La botanique en infrarouge

27 avril 2024
Magnolia de Loebner ‘Merrill’
Rhododendron de Corée
Magnolia étoilé
Viorne odorante ‘Candidissimum’

La plupart des photos infrarouges que j’ai publiées jusqu’ici ont eu comme sujet des vues de Montréal, notamment ses espaces verts.

Ici, ce sont des fleurs qui sont en vedette.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet + multiplicateur de focale M.Zuik MC-14, objectif M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu 80c d’Hoya.
1re photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 1000 — 140 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/4,0 — ISO 500 — 102 mm
3e  photo : 1/200 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 77 mm
4e  photo : 1/200 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 85 mm

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’infrarouge couleur, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La leçon du fiasco occidental en Ukraine

26 avril 2024

En janvier 2023, l’Allemagne hésitait à envoyer et à permettre aux autres pays d’envoyer des blindés Leopard, de fabrication allemande.

La raison officielle était que l’envoi de chars d’assaut risquait de rappeler aux Russes les souvenirs de l’invasion allemande au cours de la Deuxième Guerre mondiale, et de galvaniser l’armée de Vladimir Poutine.

Se croyant malin, le chancelier allemand avait toutefois ajouté qu’il consentirait à envoyer des chars Leopard si les États-Unis acceptaient d’envoyer eux aussi leurs chars les plus sophistiqués, soit les Abrams, pariant que les Américains ne le feraient pas.

Il fut pris de court quand les Américains ont annoncé leur intention d’envoyer les leurs. Pour beaucoup d’observateurs, il ne s’agissait que d’un bluff destiné à forcer la main aux Allemands.

Mais bientôt, on apprenait qu’une base militaire américaine en Allemagne (Grafenwoehr) avait reçu quelques-uns d’entre eux pour servir à la formation d’opérateurs ukrainiens.

C’est finalement en septembre 2023 que l’Ukraine a commencé à recevoir ces précieuses machines de guerre. Au total, 31 chars Abrams M1A1 ont été reçus.

Toutefois, on annonce aujourd’hui que déjà cinq d’entre eux ont été détruits par l’armée russe. Si bien que, de concert avec l’armée américaine, tous ces chars ont été retirés du front.

Dans leur cas, l’armée russe a copié l’ingéniosité ukrainienne, soit d’utiliser de simples drones pour anéantir des blindés.

Au début de cette guerre, la Pologne s’était débarrassée de ses vieux chars d’assaut datant de l’époque soviétique en les donnant à l’Ukraine. En quelques mois, l’armée russe les avait tous détruits.

On avait cru que les chars américains, mieux blindés, ne subiraient pas le même sort.

Ce n’est pas le cas.

De plus, les chars Abrams possèdent leurs propres vulnérabilités.

Premièrement, ils sont alimentés par du combustible d’avion. Ce qui nécessite des chaines d’approvisionnement différentes que pour les autres chars utilisés par l’armée ukrainienne.

Deuxièmement, ils sont très lourds. Les plus lourds au monde. Donc plus sujets à s’enliser dans les plaines boueuses d’Ukraine au printemps ou à l’automne.

Et troisièmement, après deux heures d’utilisation normale, chaque blindé nécessite huit heures de réparation, soit davantage que les chars ordinaires.

Quoiqu’il ne reste probablement plus aucun char soviétique dans l’arsenal de l’Ukraine (ce qui simplifie les choses), son armée doit quand même maintenir des chaines d’approvisionnement en pièces détachées pour chacun des modèles de char qu’elle utilise. Ce qui constitue un enfer logistique.

De son côté, l’armée ukrainienne a endommagé des milliers de chars de l’armée russe. Des centaines d’entre eux jonchent çà et là le paysage ukrainien.

Mais la plupart ont simplement été retirés à l’arrière du front, rafistolés tant bien que mal — puisque leur fabrication est plus rudimentaire — et renvoyés au front dès qu’ils sont en mesure de fonctionner.

Conclusion

Contre la guerre, l’arme la plus efficace demeure la dissuasion. Plus l’ennemi vous croit invulnérable, moins il osera vous attaquer.

Et malgré le prix élevé de la dissuasion — qui repose souvent sur la technologie ou sur des stocks faramineux d’armement — c’est encore moins cher qu’une vraie guerre comme celle qui se déroule en Ukraine.

En fournissant à ce pays nos armes les plus précieuses, celles qui devaient rendre son armée invulnérable, l’Occident compromet la dissuasion qui lui est indispensable pour maintenir son hégémonie.

L’Occident a tout à perdre en s’entêtant à soutenir une guerre perdue d’avance. Depuis très longtemps, le temps est à la négociation.

Si Boris Johnson (l’ancien premier ministre britannique) n’avait pas convaincu les dirigeants ukrainiens de renoncer à entériner l’entente intervenue à Ankara (en Turquie) entre les négociateurs ukrainiens et russes un mois après le déclenchement de cette guerre, que serait-il arrivé ?

Réponse : des dizaines de milliers de veuves et d’orphelins ne pleureraient pas leurs héros, d’innombrables gaillards ne seraient pas handicapés pour le reste de leur vie, et 40 % de l’économie ukrainienne n’aurait pas été détruite.

Plutôt que de répéter des messages creux par esprit de solidarité otanienne, quand un chef d’État occidental osera-t-il dire que ça suffit !

Références :
L’Allemagne accepte finalement d’envoyer des chars Leopard à l’Ukraine
Ukraine pulls Abrams tanks from front after losing 5 to Russian attacks: US officials
Ukraine war briefing: Kyiv pulls back Abrams tanks due to drone raids and losses, says US

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’enseignement universitaire dans la bande de Gaza

23 avril 2024

Malgré la séparation territoriale entre la bande de Gaza et la Cisjordanie — la première gouvernée par le Hamas et la seconde par l’Autorité palestinienne — les étudiants universitaires palestiniens passent les mêmes examens, élaborés en Cisjordanie par le ministère de l’Éducation.

En raison de la situation dans la bande de Gaza, ce ministère a décidé cette année d’annuler la tenue des examens du baccalauréat dans toute la Palestine.

La population palestinienne est la plus instruite du Proche-Orient (en excluant Israël). Peuplée de 2,3 millions d’habitants, la bande de Gaza compte sept universités, dont une seule est publique. Les autres sont financées par des fonds privés.

Au sein de la population palestinienne, l’importance de l’éducation fait consensus; à leurs yeux, c’est la seule manière de sortir de la misère.

En économisant au maximum leurs faibles revenus, les parents palestiniens amassent les sommes considérables qui sont nécessaires pour faire instruire éventuellement leurs enfants. Par exemple, les sept années du cours de médecine représentent un déboursé total d’environ 90 000$, tout compris.

Motivés par leurs parents, plus des trois quarts des jeunes Palestiniens font des études universitaires. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, cela n’est pas réservé qu’aux jeunes hommes. Sur les campus, les universitaires sont à 52,5 % des hommes et à 47,5 %, des femmes.

Grâce aux contacts que possèdent les professeurs, l’étudiant talentueux a de bonnes chances de se voir proposer une bourse pour partir à l’Étranger.

Or les membres de la diaspora palestinienne, conscients des sacrifices consentis par leurs parents, n’hésitent pas à leur transférer de l’argent pour les remercier.

Ces transferts sont des millions de dollars investis dans l’économie de Gaza.

Malheureusement, à l’heure actuelle, la plupart des écoles et des universités de la bande de Gaza ont été partiellement ou entièrement détruites depuis la réplique israélienne à l’attaque du Hamas.

En principe, le bombardement d’une maison d’enseignement est un crime de guerre… sauf si la puissance ennemie possède des raisons sérieuses de croire que l’établissement scolaire sert de paravent à des activités militaires. Or justement, Israël prétend posséder de telles preuves.

Voilà pourquoi ce pays a rendu inopérantes toutes les maisons d’enseignement de la bande de Gaza.

C’est d’ailleurs pour cette même raison qu’Israël a également aplani au bulldozeur la moitié des cimetières gazaouis, mélangeant les ossements des uns et des autres, puisque le Hamas y cachait des centres de commandement militaire entre les tombes, parait-il…

Références :
« Comme tous les pouvoirs coloniaux, Israël ne veut pas d’une société éduquée »
Enquête vidéo : comment Israël détruit les cimetières de Gaza
Moins de diplômés universitaires au Québec qu’ailleurs au pays
The Palestinian Diaspora and the State-Building Process
Université en Palestine

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les papillons et l’infrarouge

21 avril 2024
Héliconius zèbre
Lueur bleue
Méthone confuse

L’infrarouge Rose bonbon possède la particularité de laisser presque intacte la couleur des objets issus du règne minéral (eau, ciel, métal, pierre, etc.) mais de colorer en rose tout ce qui est du domaine du vivant, c’est-à-dire tout ce qui est issu des règnes animal et végétal.

On aurait pu s’attendre à ce que la couleur des ailes des papillons se décline en différentes teintes de rose. Ce n’est pas le cas.

Pour des raisons esthétiques, le canal rouge de la première photo a été transformé en jaune.

Le résultat est que cet Héliconius-zèbre présente l’aspect qu’il offre normalement. Ce qui signifie qu’il absorbe totalement ou presque totalement le rayonnement infrarouge.

C’est également le cas de la troisième photo où, là aussi, les parties opaques des ailes de la Méthone confuse sont presque aussi sombres que normalement.

Quant à la deuxième photo, elle n’a pas été jaunie comme les deux autres; toutefois, il nous aura suffi d’atténuer légèrement le canal rouge pour que le papillon Lueur bleu retrouve son aspect naturel.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu 80c d’Hoya.
1re photo : 1/250 sec. — F/6,3 — ISO 2000 — 210 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/4,0 — ISO 2500 — 210 mm
3e  photo : 1/80 sec. — F/6,3 — ISO 6400 — 210 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Premiers magnolias

19 avril 2024
Magnolia zenii Cholipo form
Magnolia ‘White Stardust’
Magnolia de Loebner
Magnolia de Loebner (fleur ouverte)

Selon les années, les fleurs de magnolia apparaissent entre la mi-avril et la mi-mai.

Cette année, tout comme il y a deux ans, ces fleurs apparaissent précocement.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/2500 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
2e  photo : 1/1600 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 210 mm
3e  photo : 1/2000 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 200 mm
4e  photo : 1/2000 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La peur de l’indépendance

18 avril 2024


 
Introduction

Le moteur des révolutions est le sentiment d’injustice. En contrepartie, le moteur des contre-révolutions, c’est la peur.

Dans ce second cas, ce peut être la peur de la mitraille ou la peur de l’inconnu. Pour paraphraser Machiavel, on peut dire qu’un peuple consentira aveuglément à sa domination tant qu’il sera habité par de la peur de tout perdre en dépit du fait qu’il ne possède rien…

Depuis un demi-siècle, chaque fois que le peuple francoQuébécois s’apprêtait à poser un geste de rupture, ceux qui n’y avaient pas intérêt ont invoqué la peur.

Les camions de la Brink’s

Au cours de la campagne électorale québécoise de 1970, les sondages révélaient que deux partis politiques étaient presque à égalité dans les intentions de vote : le Parti libéral du Québec (d’allégeance fédéraliste) et un tout nouveau parti indépendantiste, le Parti Québécois. Loin derrière eux se trouvait l’Union nationale, un parti nationaliste au pouvoir jusque-là.

Trois jours avant le scrutin, neuf camions blindés de la Brink’s partaient des bureaux montréalais du Royal Trust en direction de Toronto. À leur bord, une quantité présumée importante de titres financiers.

Le tout devait démontrer le risque de fuite des capitaux hors du Québec si le Parti Québécois devait prendre le pouvoir.

Selon Wikipédia, l’opération était une tentative de manipulation de l’opinion publique orchestrée par le premier ministre canadien de l’époque, Pierre-Elliott Trudeau (le père de Justin Trudeau).

Publiée en exclusivité par le quotidien montréalais The Gazette (avisé à l’avance par un appel anonyme), la primeur sera reprise le lendemain — soit l’avant-veille du vote — par tous les journaux du Québec.

Le résultat fut que seuls sept députés du PQ furent élus deux jours plus tard.

La perte de la péréquation fédérale

Il existe plusieurs programmes en vertu desquels le gouvernement fédéral verse de l’argent aux provinces dans leurs champs de compétence constitutionnelle; santé, infrastructures, logement, garderies, etc.

En gros, les sommes versées par Ottawa correspondent à l’importance démographique ou économique de chaque province.

Toutefois, il existe un programme où le Québec semble recevoir bien davantage que sa ‘juste part’; c’est la péréquation.

Celle-ci est un mécanisme de redistribution de la richesse entre les provinces riches du pays vers les provinces qui le sont moins, dont le Québec.

C’est ainsi que le gouvernement québécois reçoit annuellement environ treize-milliards de dollars d’Ottawa.

À chacun des deux référendums sur l’indépendance tenus jusqu’ici, l’argument massue du camp fédéraliste a toujours été que si le Québec se sépare, il perdra les milliards de dollars qu’Ottawa a la bonté de lui verser, plongeant l’économie du Québec dans le marasme et la misère.

Il y a plusieurs années, ce blogue avait publié une analyse économique qui démontrait que le Québec souffrait d’un sous-investissement chronique d’Ottawa dans l’économie québécoise. Un sous-investissement qui était presque totalement corrigé par la péréquation.

En somme, l’argent de nos taxes et de nos impôts qu’Ottawa n’investit pas dans l’économie du Québec, il le verse annuellement sous forme de péréquation en nous faisant croire qu’il nous fait la charité.

Précisons que cette analyse ne tient pas compte des gouffres financiers que sont devenus l’aménagement des chutes Muskrat à Terre-Neuve, la construction du pipeline Trans-Mountain en Colombie-Britannique et la construction des frégates canadiennes en Nouvelle-Écosse.

Par contre, le fédéral fait valoir que depuis des années, il dépense plus au Québec que ce qu’il y perçoit. Ce qui est vrai. Mais n’est-ce pas contradictoire avec ce que nous venons de dire ?

En réalité, lorsque le fédéral fait des déficits colossaux (ce qui est le cas depuis que Justin Trudeau est au pouvoir), Ottawa dépense plus dans chaque province que ce qu’il perçoit. C’est justement pour cela qu’il fait un déficit.

Toutefois, lorsqu’on tient compte du partage de la dette canadienne que le Québec aura à payer lorsqu’il fera son indépendance, cet argument fédéraliste s’effondre.

En présentant le budget de l’an 1, le Parti Québécois a fait la démonstration que l’État québécois, même privé totalement de péréquation, serait mieux financé dans un Québec souverain.

Conclusion

On ne peut pas faire la promotion de l’indépendance sans critiquer le colonialisme canadian.

En effet, le Canada est une puissance coloniale qui, à la différence des autres, ne possède pas ses colonies sous les tropiques. Les siennes sont incrustées dans son territoire.

D’une part, ce sont des dizaines de réserves indiennes régies par un apartheid juridique. Et d’autre part, c’est le Québec dont on favorise l’anglicisation, entre autres par un déluge migratoire qui dépasse largement ses capacités d’intégration.

La preuve la plus irréfutable de ce statut colonial est l’adoption d’une nouvelle constitution sans le Québec par l’ethnie dominante du pays en 1982. Tout comme n’importe quelle métropole coloniale n’hésite pas à imposer sa volonté à ses colonies.

En disant tout haut ce qu’une bonne partie du peuple francoQuébécois pense tout bas, Paul Saint-Pierre Plamondon abandonne brièvement cette image positive et rose bonbon dans lequel les forces fédéralistes aimeraient le voir se limiter.

En réalité, les chemins qui mènent à la liberté sont parsemés d’embuches. Pour être guidé vers l’indépendance, ce que nous avons besoin, c’est d’un chef qui, tout en étant fondamentalement bienveillant envers son peuple, peut également froncer les sourcils et élever le ton lorsque nécessaire.

Il est rassurant de voir que c’est le cas du chef péquiste.

Références :
Coup de la Brink’s
Le colonialisme économique ‘canadian’
Le coût de l’oléoduc Trans Mountain explose à nouveau
Le référendum de la dernière chance, dit St-Pierre Plamondon
Les chutes Muskrat : un éléphant blanc à nos frais
Les miettes fédérales au chantier maritime Davie
Le texte de ‘refondation’ du PQ : le paroxysme de l’insignifiance
L’indépendance permettrait au Québec d’économiser 12 milliards sur 7 ans, selon le PQ
Péréquation fédérale au Canada
Québec solidaire reproche à St-Pierre Plamondon de verser dans le « catastrophisme »

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le mépris

15 avril 2024


 
Le député libéral René Arsenault est acadien. En 1992, à l’époque où il était fraichement diplômé en droit, son ordre professionnel lui avait refusé le pouvoir d’exercer sa profession parce qu’il ne voulait pas prêter allégeance à la couronne britannique.

Après une bataille qui a duré plusieurs mois, il a finalement pu exercer sa profession sans prêter ce serment.

On doit savoir qu’entre 1755 et 1763, l’armée coloniale anglaise a confisqué les terres et incendié les fermes de douze-mille des dix-huit-mille Francophones d’Acadie parce qu’ils refusaient de prêter allégeance à la couronne britannique.

Ceux-ci furent déportés manu militari en prenant soin d’envoyer séparément les membres d’une même famille dans différentes colonies anglaises.

Pour les Acadiens, prêter serment au roi d’Angleterre est une humiliation et un rappel de leur douloureux passé.

Voilà pourquoi, à la suite de l’abolition au parlement québécois du serment d’allégeance à la monarchie britannique, le député René Arsenault a eu l’idée de présenter un projet de loi semblable à Ottawa.

Le Canada étant ce qu’il est, son projet de loi a été rejeté par une écrasante majorité.

À l’issue du vote, pour ajouter à la déconvenue du député acadien, une bonne partie des députés de la Chambre des communes ont spontanément entonné l’hymne national britannique ‘God save the King’.

À l’instar des défilés orangistes traversant les quartiers catholiques de Belfast. Pour les narguer.

Dans un pays où on retire des bibliothèques le livre ‘N… blancs d’Amérique’ parce que son titre heurte la sensibilité d’une poignée de personnes, on n’hésite pas à soumettre les députés francophones de tout le pays à l’humiliation de prêter allégeance au souverain de leurs conquérants.

Le tout, conformément aux politiques tartufardes d’équité, de diversité et d’inclusion d’Ottawa.

Références :
Déportation des Acadiens
Serment optionnel au roi : le moment de vérité pour un député acadien

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Écrit par Jean-Pierre Martel